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Sam Karpienia, chanteur, compositeur et joueur de mandole à grandit à Port de Bouc.
De Dupain à Gacha Empega, Sam Karpienia a transfiguré la musique marseillaise, lui insufflant une intensité poétique, lui offrant une voix unique. Son chant renvoie à l’ivresse du rebetiko comme à la fièvre flamenco ou bien sûr à l’insolence joyeuse de cette nouvelle chanson provençale dont il est un pilier. Mais l’occitan affirmé se souvient de l’Occident et l’énergie de sa musique se rapproche de celle du rock. La musique de Sam Karpienia est donc d’inspiration traditionnelle mais résolument tournée vers la création contemporaine. Sam Karpienia s’est nourri depuis une dizaine d’années du chant traditionnel occitan qu’il a ré-inventé dans différents projets et albums. Forabandit, autours du chant des troubadours et des Aşıks d’Anatolie. Pour ce projet Sam Karpienia est accompagné de Ulas Olzdemir et Bijan Chemirani, sortie d’album juin 2012.

Discographie Sam Karpienia

FORABANDIT (FULLRHIZOME – BUDHA MUSIC 2012)

Sam Karpienia, Ulaş Özdemir, Bijan Chemirani

La poésie, en Anatolie, Iran et Occitanie, est considérée comme source de vie. Les poèmes, inspirés d’éléments de la vie quotidienne, sont perpétués par les as¸ıks (poètes itinérants) en Anatolie, comme ils l’étaient par les troubadours occitans. Lorsque les as¸ıks s’expriment – que ce soit pour parler d’amour, de foi ou de politique – ils sont écoutés avec respect. Le peuple de confession alévie a d’ailleurs ce proverbe: ‘‘la parole de l’as¸ık est l’essence du Coran’’. Les idées de ces poètes, parfois considérées comme subversives ou hérétiques, ont périodiquement été proscrites sous prétexte qu’elles reflétaient des points de vue politiques révolutionnaires. Pour les habitants, ces poèmes témoignent d’une volonté de sauvegarder leur libre-pensée à travers le temps. Des idées similaires, issues des mouvements cathares et bogomiles – en grande partie effacés par l’histoire officielle – émergent aussi dans les chansons des troubadours. ‘‘Forabandi’’ terme signifiant ‘‘être mis à l’écart’’ en occitan, intègre ces idées subversives et hérétiques, qu’elles soient de nature religieuse ou laïque. Le mot ‘‘bandit’’ qui y figure révèle aussi la direction musicale du groupe: Forabandit cherche à exprimer son point de vue sur la poésie et la musique avec l’attitude d’un brigand. Le groupe reprend de façon inédite des mélodies et poèmes populaires parlant d’amour, de bonheur ou d’enfermement, mais il compose également des oeuvres inspirées de poètes contemporains. En 2009, Sam Karpienia, Ulaş Özdemir et Bijan Chemirani se sont réunis pour la première fois, dans le cadre de Sublimes Portes, projet visant à réunir des artistes de l’espace méditerranéen et d’Europe du Nord et à faire rayonner la

vitalité musicale des villes-ports telles que Marseille, Istanbul et Hambourg. Après quelques concerts et workshops, le groupe Forabandit a été créé en 2011. ‘‘Forabandit’’, leur premier album éponyme, a été enregistré dans une configuration analogique: y figurent le bag˘lama, l’instrument sacré des aşıks d’Anatolie; le mandoloncelle de la famille des mandolines; le zarb (tonbak),

l’instrument de percussion principal de la musique traditionnelle persane, ainsi que deux voix. Forabandit puise son inspiration dans les chansons des troubadours cathares d’Occitanie et dans les ballades as¸ıks extraites des croyances alévies et bektachies. Le groupe salue tous les peuples exclus en Occitanie, en Anatolie et en Iran.

Sam Karpienia: mandoloncelle, voix

Ulaş Özdemir: bağlama, voix

Bijan Chemirani: zarb, percussion

Extatic Malanòni

(DFragment Music – L’Autre Distribution 2009)

Avec Extatic Malanconi, Sam Karpienia revient avec Daniel Gaglione (mandole), Bijan Chemirani (percussions), Mathieu Goust (batterie), le trio qui l'accompagne désormais. Élégamment violente, évolutive et ardente, leur musique ne se donne pas au premier venu et sait malgré tout se faire apprécier. On imagine facilement ce groupe cramer, décomposer et fignoler tout à tour sa substance musicale, pour concocter d'étonnantes recettes ambivalentes, débordant sans baver des cadres et des codes usuels. On sent là-dessus flotter d'exaltantes odeurs faites de révolte et de sensualité. Sur le papier, avec ce trinôme mandoles-percussion-batterie, sans artifice électro-mes-couilles, difficile de ne pas penser à une musique contenue, contrainte même. Et pourtant, ce qui marque c'est cet espace de jeu que Karpienia parvient à dégager. De par son registre sonore et instrumental, le groupe sonne littéralement rock. Mais cette façon de l'appréhender comme un simple outil et un vecteur d'instabilité créative, comme une énergie en somme plutôt que comme une attitude, lui évite d'avoir à faire à de trop lourds carcans. Le rock n'est qu'un leurre qui sert leur musique à 100 %, un pion joué parmi d'autres; la langue - ici essentiellement le français, là où prédominait l'occitan - étant la pièce maîtresse. Une arme fatale appuyée de la voix éraillée de Sam, une voix d'une incomparable puissance - sans abuser de la brosse à reluire, franchement on a pensé tout au long de nos écoutes au grand Camaron, époque La Leyenda del Tiempo, dans cette façon si particulière de marier intonation d'écorché et instrus organiques. Mais, si ce chant bouleverse, c'est avant tout par la poésie qu'il entonne et cette manière qu'il a d'être poussé dans ces retranchements les plus intimes. Un chant et une musique donc, une sorte de free-rock pourvoyeur de transe, un alliage de forces et de convictions visant à écarter le superflu pour se dérober à l'ordre des choses : un élan élémentaire et essentiel qui forge l'esprit de ce disque. Un album où l'on entend un groupe dévoiler des liens passionnants entre le goût de l'épure et la puissance, l'écriture et l'expérimentation, l'introspection et la liberté. Sam et les siens s'offrent ainsi un nouveau commencement. Un drôle de pari et une bien belle histoire qui démarre. Extatic Malanconi, en est la pierre angulaire, l'objet du délice".

Les Vivants (Label Bleu – Harmonia Mundi / 2005)

Après trois années de silence entrecoupées de rumeurs alarmantes de séparation, revoici le groupe le plus excitant de Marseille. Les Occitans énervés reviennent avec leur album le plus efficace, non seulement parce qu’ils y expriment dans la langue de Pagnol (français avé l’accent) des idées que beaucoup pensent tout bas : "Il n’y a pas de place pour les gens qui n’ont besoin de rien / leurs besoins ne sont pas comptables"… Mais aussi parce que leur musique a bénéficié d’un mixage énergique qui met en relief leurs qualités intrinsèques : rythmique imparable, arrangements transcendants (vielle électroacoustique, mandole) et chant au lyrisme écorché. Les vivants pourrait, et on le leur souhaite, leur ouvrir enfin les portes de la reconnaissance.

Benjamin MiNiMuM (Mondomix)

Camina (Virgin France – EMI / 2002)

Dupain est sorti de "L'Usina" et chemine (Camina) à travers les docks de Marseille, des champs de blé et les ruelles de Tanger, n'hésitant pas à marcher sur l'eau pour passer de l'un à l'autre. Ils ne se sont pas pour autant transformés en touristes insouciants tirant profit de leurs congés payés. Dupain reste un groupe exigeant, socialement et artistiquement, qui ajoute de l'air à ses structures sans renier ses fondations magnifiques. "Camina" reflète l'incroyable pari que Dupain réussit : réconcilier le feu et la glace, le meilleur de la tradition et de l'innovation, un lyrisme jamais désuet et une élégance jamais tapageuse. "Camina" est l'album que les fidèles de Dupain attendaient, l'argument indéniable de leur absolue pertinence.

Benjamin MiNiMuM (Mondomix)

L'Usina (Virgin France – EMI / 2000)

Trio de Marseille, les Dupain ("on cherchait un nom qui ne fasse pas prétentieux, alors on s'appelle Dupain...") définissent leur musique comme de la "Tradinnovation provençale".

Leur travail s'apparente à de la musique de transe qui serait ancrée non pas dans une expérience mystique mais dans l'urbain. Ils puisent leurs influences dans tout le pourtour méditerranéen (Provence, Espagne, Italie, Maghreb) avec une énergie très rock, proche de celle du Velvet Underground… Née dans le creuset de Marseille, ville fulgurante, leur musique est urgente et sans concession à la fois d'accès âpre et en même temps si forte qu'elle vous attrape par les viscères et le coeur pour ne plus vous lâcher. Composée de Samuel Karpienia (chant, tambourin), Sam de Agostini (percussions) et de Pierre Laurent Bertolino (vielle à roue, séquenceur), cette toute jeune formation est déjà un groupe immense. Intenses et incandescents, ils s'appellent Dupain.

Magali Bergès (Mondomix)

Gacha Empega – Polyphonies Marseillaises

(L’Empreinte Digitale / 1998)

Les Gacha Empega sont rigolos, talentueux, et militent pour que la musique populaire reste populaire. Mais ils font ça avec finesse et sans se prendre au sérieux plus qu'il n'est besoin de le faire. C'est normal, ils sont Provençaux, c'est-à-dire qu'ils sont fiers de leurs traditions, de leur région et de leur langue mais qu'ils le font avec ce léger détachement, cette autodérision propre aux gens du Sud… Les Gacha Empega ont vu le jour en 1996 avec ce disque intitulé "Polyphonies marseillaises". Dit avec l'accent, en détachant chaque syllabe avec un peu d'emphase, cela a encore plus de sel. Surtout lorsqu'on sait que "Gacha Empega" est un terme de maçonnerie, qui désigne celui qui travaille à la va-vite, un peu n'importe comment. Un ouvrier qui aurait deux mains gauches alors qu'il est droitier. Si leur nom a autant d'importance, c'est qu'il est révélateur de leur démarche : surtout ne pas se prendre au sérieux. Leur objectif est de sortir la musique polyphonique du ghetto culturel haut de gamme où elle commence à être enfermée, pour la rendre populaire. Ils ne veulent pas oublier qu'avant d'être chantées lors de récitals donnés dans des églises, les chansons a cappella sont avant tout des airs du patrimoine, chantés -et dansés- au cours des fêtes de gens simples. Magali Bergès (Mondomix)
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